Loi anti-Airbnb : tout comprendre sur les nouvelles restrictions

Face à l’explosion des locations de type Airbnb en France et leurs impacts significatifs sur le marché immobilier, le gouvernement a mis en place une nouvelle réglementation visant à encadrer plus strictement les locations touristiques de courte durée. Entre restrictions de durée, obligations pour les propriétaires et modifications des règles fiscales, cette loi anti-Airbnb transforme en profondeur le secteur de la location meublée touristique. Découvrons ensemble les points clés de cette législation et ses implications concrètes pour les propriétaires de logements.

Pourquoi une loi anti-Airbnb ?

Ces dernières années, le marché des locations touristiques a connu une croissance explosive en France, transformant profondément le paysage immobilier de nombreuses villes. Airbnb et les autres plateformes de location de courte durée ont révolutionné le secteur du tourisme, mais cette évolution n’est pas sans conséquences sur l’accès au logement.

L’essor des locations touristiques en France

Le phénomène Airbnb a pris une ampleur considérable, particulièrement dans les grandes villes touristiques françaises. À Paris par exemple, on recensait plus de 60 000 logements proposés sur la plateforme avant la mise en place des nouvelles restrictions. Cette prolifération des meublés touristiques a créé un déséquilibre majeur sur le marché immobilier traditionnel, poussant les municipalités à réagir.

La conversion massive de logements classiques en locations touristiques de courte durée a engendré plusieurs effets négatifs :

  • Raréfaction des logements disponibles pour les habitants permanents
  • Augmentation significative des loyers dans les zones tendues
  • Transformation de quartiers résidentiels en zones exclusivement touristiques
  • Difficulté d’accès au logement pour les résidents locaux

Les objectifs de la nouvelle réglementation

Face à ces constats, la loi anti-Airbnb poursuit plusieurs objectifs :

  • Préserver l’accès au logement pour les habitants permanents
  • Réguler les revenus issus des locations touristiques
  • Maintenir un équilibre entre tourisme et habitat traditionnel
  • Contrôler la transformation des logements classiques en meublés touristiques

Un impact majeur sur les zones touristiques

Les zones les plus attractives sont particulièrement touchées par ce phénomène. Dans certains quartiers prisés, la concentration de locations de courte durée a créé de véritables tensions :

  • Pénurie de logements pour les résidents permanents
  • Augmentation des prix de l’immobilier
  • Modification de la vie de quartier
  • Problèmes de cohabitation entre touristes et résidents

Cette situation a conduit de nombreuses villes à adopter des mesures restrictives avant même l’application de la nouvelle loi. Les grandes métropoles touristiques comme Paris, Lyon, Bordeaux ou Nice ont été les premières à mettre en place des règlements locaux stricts concernant les locations de type Airbnb.

La loi anti-Airbnb vient ainsi répondre à une problématique croissante de l’usage des logements dans les zones touristiques, en proposant un cadre plus strict pour les propriétaires souhaitant se tourner vers ce type de location. Cette première réglementation nationale vient compléter les dispositifs locaux déjà en place, en proposant un cadre unifié et des règles claires pour l’ensemble des propriétaires et des plateformes de location touristique.

Les principales mesures de la loi 2025

Quelle est la nouvelle loi sur les locations Airbnb francais ?

La nouvelle législation bouleverse profondément le paysage des locations touristiques en France. Le changement le plus significatif concerne la limitation à 120 jours par an pour la location des résidences principales, une mesure destinée à préserver le parc immobilier résidentiel. Les propriétaires doivent désormais se plier à une procédure plus rigoureuse en obtenant un numéro d’enregistrement auprès de leur mairie avant toute mise en location.

Les plateformes comme Airbnb voient également leurs obligations renforcées. Elles doivent mettre en place des systèmes de blocage automatique des annonces dépassant la limite légale des 120 jours et sont tenues de transmettre régulièrement aux municipalités le décompte précis des nuitées louées. Cette transparence accrue vise à faciliter les contrôles et à lutter contre les abus.

Comment interdire Airbnb dans son immeuble ?

La nouvelle loi donne davantage de pouvoir aux copropriétés dans la gestion des locations touristiques. Pour interdire Airbnb dans un immeuble, la procédure passe obligatoirement par un vote en assemblée générale. La décision doit être prise à la majorité absolue des voix (article 25), ce qui représente un assouplissement par rapport aux règles précédentes qui exigeaient l’unanimité.

Le processus d’interdiction débute par l’inscription du point à l’ordre du jour de l’assemblée générale. Une fois le vote obtenu, le règlement de copropriété doit être modifié par un notaire pour intégrer cette nouvelle restriction. Cette modification devient alors opposable à tous les copropriétaires, y compris les futurs acquéreurs. Les propriétaires ne respectant pas cette interdiction s’exposent à des sanctions juridiques pouvant aller jusqu’à l’obligation de cesser immédiatement toute location.

Quelles sont les nouvelles réglementations fiscales en France pour Airbnb ?

Le volet fiscal de la réforme apporte des changements substantiels. Le régime micro-BIC, privilégié par de nombreux propriétaires, voit son abattement forfaitaire réduit à 50% des revenus, contre 71% auparavant. Cette modification vise à rééquilibrer la fiscalité entre les différentes formes de location.

Un autre changement majeur concerne l’obligation de déclaration dès le premier euro de revenu. Le plafond de 77 700€ pour le régime micro-BIC reste en vigueur, mais au-delà, les propriétaires doivent basculer vers le régime réel d’imposition. Par ailleurs, la collecte de la taxe de séjour est désormais automatiquement gérée par les plateformes, simplifiant les démarches pour les propriétaires tout en garantissant une meilleure perception de cette taxe.

Les revenus dépassant 23 000€ annuels entraînent également l’assujettissement aux charges sociales, une mesure qui professionnalise davantage l’activité de location touristique. Cette réforme fiscale s’inscrit dans une volonté globale de mieux encadrer le secteur tout en préservant son attractivité pour les petits propriétaires.

Impact fiscal et financier

La réforme du régime fiscal des locations touristiques engendre des changements significatifs dans la rentabilité de cette activité. Les propriétaires doivent désormais repenser leur stratégie financière face à ces nouvelles dispositions qui modifient en profondeur l’équilibre économique de leurs investissements.

Une rentabilité à recalculer

Le passage de l’abattement forfaitaire de 71% à 50% impacte directement la rentabilité des locations. À titre d’exemple, pour un revenu locatif de 20 000€ annuels, le revenu imposable passe de 5 800€ à 10 000€, soit une augmentation significative de la base fiscale. Cette modification oblige les propriétaires à revoir leurs calculs de rentabilité et potentiellement à ajuster leurs tarifs pour maintenir leur niveau de revenus après impôts.

Les investisseurs doivent également prendre en compte la fiscalité sociale, notamment lorsque leurs revenus approchent le seuil des 23 000€. Au-delà de ce montant, l’obligation de s’acquitter des charges sociales peut représenter une ponction supplémentaire de 17,2% à 45% selon les situations, réduisant considérablement la marge nette.

Les alternatives stratégiques

Face à cette nouvelle donne fiscale, les propriétaires explorent différentes options. Certains envisagent de basculer vers la location longue durée, tandis que d’autres optent pour un statut professionnel de loueur en meublé (LMNP). Cette dernière option, bien que plus contraignante administrativement, peut s’avérer plus avantageuse fiscalement pour les revenus importants.

La diversification des modes de location devient une stratégie courante : mixer location courte durée en haute saison et location moyenne durée le reste de l’année permet d’optimiser les revenus tout en respectant les nouvelles contraintes légales. Cette approche hybride nécessite toutefois une gestion plus complexe et une bonne connaissance du marché local.

Les coûts cachés à anticiper

Au-delà de l’aspect purement fiscal, les propriétaires doivent intégrer de nouveaux coûts dans leur budget. L’obligation d’obtenir un numéro d’enregistrement, les potentielles mises aux normes, l’adaptation aux règlements locaux et les frais de gestion administrative représentent des charges supplémentaires à ne pas négliger.

Les assurances spécifiques pour la location touristique, souvent plus onéreuses que les assurances classiques, ainsi que les frais de maintenance accrus liés aux rotations fréquentes des locataires, viennent également grever la rentabilité globale de l’investissement. Cette nouvelle réalité économique pousse de nombreux propriétaires à professionnaliser leur approche et à adopter une gestion plus rigoureuse de leur activité locative.

Ces changements fiscaux et financiers marquent un tournant majeur dans le secteur de la location touristique, incitant les propriétaires à repenser leur modèle économique pour maintenir la viabilité de leur activité tout en se conformant aux nouvelles exigences légales.

Les obligations des propriétaires

La mise en location d’un bien sur les plateformes de type Airbnb s’accompagne désormais d’un cadre réglementaire renforcé. Les propriétaires doivent respecter une série d’obligations administratives et légales sous peine de sanctions significatives.

Les démarches administratives obligatoires

L’enregistrement du logement auprès de la mairie constitue désormais la première étape incontournable. Cette démarche, obligatoire dans les communes de plus de 200 000 habitants et dans celles qui ont choisi d’appliquer la réglementation, permet d’obtenir un numéro d’enregistrement à 13 chiffres qui doit impérativement figurer sur toutes les annonces en ligne.

Les propriétaires doivent également déclarer leur activité de location auprès de leur centre des impôts dans les 15 jours suivant le début de l’activité. Cette déclaration s’effectue via le formulaire P0i pour les locations non professionnelles, ou le formulaire P0 pour les locations professionnelles. Le non-respect de ces formalités peut entraîner des amendes allant jusqu’à 5 000€.

Les règles d’hébergement à respecter

Le logement mis en location doit répondre à des critères stricts de décence et de sécurité. Les propriétaires sont tenus de fournir un logement d’au moins 9m² avec une hauteur sous plafond minimale de 2,20m, équipé d’installations sanitaires fonctionnelles et d’un système de chauffage adéquat. La présence de détecteurs de fumée est obligatoire, tout comme l’affichage des consignes de sécurité.

Pour les résidences principales, la limite des 120 jours de location par an doit être scrupuleusement respectée. Au-delà, le bien est considéré comme une résidence secondaire et nécessite une autorisation de changement d’usage, particulièrement difficile à obtenir dans les zones tendues.

Les responsabilités vis-à-vis des tiers

Les propriétaires doivent informer leur assurance de l’activité de location touristique et souscrire une couverture adaptée. La copropriété doit également être informée, et son règlement respecté. Certaines copropriétés peuvent interdire ou restreindre les locations de courte durée, une décision qui s’impose alors à tous les propriétaires.

La collecte de la taxe de séjour, bien qu’aujourd’hui généralement gérée par les plateformes, reste sous la responsabilité légale du propriétaire qui doit s’assurer de sa bonne perception. Les propriétaires doivent également tenir un registre des voyageurs hébergés, une obligation souvent méconnue mais légalement contraignante.

Les obligations de transparence financière

La déclaration des revenus issus de la location touristique est devenue plus stricte. Les propriétaires doivent conserver l’ensemble des justificatifs de leurs locations (factures, contrats, relevés bancaires) pendant au moins 6 ans. Ces documents permettent de justifier les revenus déclarés et peuvent être demandés en cas de contrôle fiscal.

Pour les revenus dépassant certains seuils, des obligations supplémentaires s’appliquent :

  • Au-delà de 23 000€ annuels, inscription obligatoire au régime social des indépendants
  • Au-delà de 77 700€, passage obligatoire au régime réel d’imposition avec tenue d’une comptabilité détaillée

Le respect de ces différentes obligations nécessite une gestion rigoureuse et professionnelle de l’activité de location touristique. Les propriétaires doivent désormais adopter une approche plus structurée et documentée de leur activité, loin de l’amateurisme qui prévalait parfois dans les premières années du développement des plateformes de location.

Qu’est-ce que la loi le meur ?

La loi Le Meur (2009) exige une autorisation de changement d’usage pour les locations touristiques dans les grandes villes, avec obligation de compenser en transformant une surface commerciale en logement dans le même quartier pour préserver le parc résidentiel.


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