Dès le début de l’année 2024, les Français seront invités à adopter une solution de tri des déchets organiques dans leur quotidien. Le compostage en copropriété vise à réduire drastiquement la quantité de déchets envoyés en incinération ou en enfouissement. Cotoit vous éclaire.
Le compostage devient obligatoire en 2024
À partir du 1er janvier 2024, chaque citoyen français sera tenu de participer activement à la gestion des biodéchets tels que les épluchures, les coquilles d’œufs, les restes de repas, les mouchoirs et les produits périmés sans emballage. Conformément à la loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, dite loi anti-gaspillage, cette initiative vise à valoriser ces matières organiques souvent négligées.
Concrètement, cela signifie que chaque ménage devra avoir un bac dédié aux matières organiques telles que les déchets de cuisine (les épluchures, les restes de repas) et les feuilles mortes. Pour les résidents en maison, il est déjà possible de se procurer un bac à compost dans une jardinerie.
À savoir : en France, chaque habitant jette en moyenne 83 kg de biodéchets par an. Les pertes et les gaspillages alimentaires en France représentent 10 millions de tonnes de produits par an, soit une valeur commerciale estimée à 16 milliards d’euros, selon le ministère de l’Écologie.
Certaines villes et métropoles comme la métropole bordelaise vont même jusqu’à fournir gratuitement des composteurs. Des distributions mensuelles sont organisées pour les habitants, facilitant l’adoption de cette pratique écoresponsable.
Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), les biodéchets représentent près de 30 % des ordures ménagères résiduelles, soit plus de 80 kg de déchets par habitant chaque année. Leur valorisation offre un potentiel significatif.
Le ministère de la Transition écologique explique que cela permettrait de produire du compost ainsi que du biogaz pour notre approvisionnement énergétique.
De plus, cela contribuerait à réduire les émissions de gaz à effet de serre associées à leur décomposition en décharge, représentant une économie estimée à plus de 800 000 t de CO2/an, selon l’ADEME.
Comment installer un bac à compost collectif dans sa copropriété ?
Le compostage n’est plus l’apanage des personnes vivant dans une maison et disposant d’un jardin, notamment depuis cette nouvelle réglementation. De nombreuses copropriétés n’ont pas attendu cette loi pour mettre en place des composteurs collectifs. Pourquoi pas vous ?
L’installation des bacs de compostage en copropriété doit être votée lors de l’assemblée générale, notamment parce qu’elle concerne les parties communes (un vote à la majorité absolue est recommandé). Ce vote permettra de définir le lieu de pose et de définir les différentes conditions d’utilisation.
Si le composteur est installé sur une partie privée (jardin privé), alors aucune autorisation n’est nécessaire. Il doit cependant ne générer aucune nuisance auprès du voisinage.
Pour sensibiliser vos voisins et les informer sur les avantages et les bonnes pratiques en matière de compostage, il est possible de faire appel à des associations organisant des ateliers sur le compostage.
Bon à savoir : certaines collectivités mettent des bacs de compostage à votre disposition.
Comment communiquer sur l’utilisation du compost dans la copropriété ?
Composter ses déchets est relativement simple mais cela demande de prendre l’habitude. Il s’agit ni plus ni moins que de créer un nouveau réflexe. Il faut donc communiquer, éventuellement au moyen d’un flyer à remettre aux membres de la copro et d’affiches explicatives voire même d’un atelier pratique afin que tout le monde se prenne au jeu.
Il faut y mentionner :
- La liste des déchets appropriés pour le compost
Il est important de sensibiliser les copropriétaires sur les types de déchets qui peuvent être déposés dans le compost. Cela inclut les épluchures de fruits et légumes, les résidus de gazon, les feuilles mortes, et la sciure de bois. Ces éléments se décomposent naturellement et enrichissent le compost. - Déchets à éviter
Certains matériaux ne doivent pas être mis dans le compost, car ils peuvent le contaminer ou ralentir le processus de décomposition. Cela inclut les viandes, les poissons, les agrumes, les plantes malades et les produits chimiques, la laine…. - Utilisation du compost
Une fois transformés, les déchets organiques deviennent un fertilisant naturel riche en nutriments. Ce compost peut être utilisé pour fertiliser un potager collectif ou des espaces verts de la copropriété. - Suivi et gestion du compost
Il est enfin important de mettre en place un système de suivi et de gestion du compost. Cela peut impliquer la nomination d’un responsable du compost, ou la création d’un petit comité dédié à cette tâche.
Comment utiliser un compost ?
Utiliser un compost collectif, c’est un peu comme créer une cuisine secrète de la nature où tous les habitants participent. Voici comment faire vivre cette aventure de manière vivante :
- Collecte des matières organiques : tout commence par la collecte des matières organiques. Chacun apporte ses déchets alimentaires comme les épluchures de légumes, les restes de repas et même les feuilles mortes du jardin.
- Équilibre des matières : il faut équilibrer les apports. Imaginez que votre compost ait besoin d’un repas équilibré. Ajoutez des « verts » (matières riches en azote comme les restes de cuisine) et des « bruns » (matières riches en carbone comme des feuilles sèches) pour garder un équilibre.
- Aération et brassage : comme toute cuisine, le compost a besoin d’air. Remuez-le régulièrement pour favoriser la décomposition.
- Contrôle de l’humidité : le compost aime l’humidité, mais pas trop. Assurez-vous qu’il reste aussi humide qu’une éponge bien essorée, mais pas détrempé.
- Patience et observation : attendez patiemment que la magie opère. Avec le temps, les micro-organismes transforment les déchets en un terreau riche.
- Récolte du trésor : en quelques mois à un an, votre compost sera prêt à être utilisé dans le jardin. C’est comme récolter un trésor naturel, un terreau riche en nutriments pour vos plantes.
- Partage et éducation : partagez vos connaissances avec d’autres participants au compost collectif. Organisez des ateliers pour montrer comment ça marche. Plus il y a de participants, plus c’est amusant !
Les obligations réglementaires à respecter
Dans le cadre de la mise en place du compostage en copropriété, il est important de se conformer à la réglementation en vigueur. Depuis janvier 2024, le tri à la source et le compostage des biodéchets sont devenus obligatoires pour les immeubles de plus de 8 logements, conformément à la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire.
Les principales obligations à respecter sont :
- Mettre en place un système de collecte séparée des biodéchets (déchets alimentaires et de jardin) au sein de la copropriété
- Assurer le compostage de ces biodéchets, soit sur place (composteur collectif), soit via une filière de valorisation externe
- Informer et impliquer les copropriétaires dans la mise en place et le bon fonctionnement du compostage
- Désigner un référent « compostage » au sein de la copropriété
- Tenir à jour un registre des quantités de biodéchets compostés
Le non-respect de ces obligations peut entraîner des sanctions administratives et financières pour la copropriété. Il est donc essentiel de s’y conformer pour éviter tout problème.
Témoignages et retours d’expérience
Bien que l’obligation de mise en place du compostage en copropriété soit récente, de nombreuses initiatives ont déjà vu le jour avec des résultats encourageants. Voici quelques témoignages :
« Dans notre copropriété de 120 logements, nous avons installé un composteur collectif il y a 2 ans déjà. Malgré quelques réticences initiales, les habitants se sont rapidement approprié le dispositif. Aujourd’hui, près de 80% des biodéchets sont compostés, ce qui nous fait économiser sur les frais de collecte des ordures ménagères. Et le compost produit est très apprécié pour entretenir les espaces verts de la résidence. »
« Lorsque la loi est entrée en vigueur, nous avons dû rapidement nous organiser dans notre copropriété de 50 logements. Nous avons choisi un système de compostage de proximité avec des bacs répartis dans la résidence. Cela demande un peu plus d’implication des habitants mais permet une meilleure appropriation. Nous avons mis en place des formations et des outils de suivi, ce qui a permis de bien lancer la démarche. »
« Notre copropriété de 200 logements a opté pour un partenariat avec une entreprise spécialisée qui gère le compostage pour nous. Cela nous a évité les investissements lourds et la gestion quotidienne. Nos copropriétaires sont satisfaits de cette solution clé en main, même s’il y a un coût récurrent. Au final, cela nous permet de remplir nos obligations réglementaires simplement. »
Ces retours d’expérience montrent que la mise en place du compostage en copropriété, bien que représentant un défi organisationnel, peut être une réussite à condition d’impliquer les habitants et de trouver la solution la mieux adaptée aux spécificités de chaque copropriété.
Alors, à vous de jouer pour transformer vos déchets en une ressource précieuse pour la terre.